14 octobre 2022

Depuis le début de l’année 2022, les équipes de la résidence Antoine de Bourdon ont accueilli huit stagiaires en situation de handicap en insertion professionnelle. Elles voient leurs efforts et leur dévouement pour l’inclusion récompensés par la remise du trophée de la reconnaissance, décerné par l’ESAT Jean Genèze le 10 octobre dernier. Sandrine Szymkowiak, gouvernante et tutrice au sein de l’établissement revient sur son expérience aux côtés d’Amandine Ehlinger, 25 ans, atteinte du syndrome de Turner qui évolue aujourd’hui comme Agent des Services Hospitaliers (ASH) dans la même résidence. Ensemble, elles dressent un retour d’expérience précieux pour mieux comprendre les clés d’une intégration réussie.

L’accueil: une étape essentielle

Amandine Ehlinger, ASH et Sandrine Szymkowiak, gouvernante à l'Ehpad Antoine de Bourbon

Si l’entrée en vigueur en janvier 2020 de la loi pour l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés  (OETH) a fait évoluer de façon significative leur taux d’emploi avec une hausse de 20 % sur l’année 2021 selon l’AGEFIPH, les aménagements et l’accueil ne sont pas toujours au rendez-vous. Il est parfois difficile pour les entreprises, lorsqu’elles sont prises de court par cette obligation nouvelle, de favoriser l’intégration de ces nouveaux profils de la bonne façon.

Pour Sandrine Szymkowiak, la découverte du lieu d’immersion professionnelle et la prise de contact avec les équipes de travail sont essentielles à la mise en confiance du stagiaire et au bon déroulement de sa mission : « Cela demande du temps mais nous mettons un point d’honneur à l’accueil, c’est notre rôle de les amener en douceur à prendre leurs repères ». A son arrivée, Amandine a en effet été interpellée par la bienveillance de ses collègues et encadrants. « Les 2-3 premières heures de mon stage, j’étais un peu stressée ! Dès le début, j’ai été très entourée par mes tutrices et l’équipe, tout le monde a fait en sorte que je me sente bien. Je me suis rapidement détendue et j’ai le sentiment de m’être très vite intégrée », explique-t-elle.

Auprès de chaque stagiaire, Sandrine prend soin de bien expliquer le fonctionnement de l’équipe, les tâches et le rythme d’une journée de travail. « L’idée est de leur donner le maximum de repères et d’informations en amont mais aussi de poser les bases d’une relation de confiance où les stagiaires se sentent libres de communiquer et de s’exprimer ».  Pour Amandine, cette posture tranche avec ses expériences passées : « Si cela pouvait être partout comme ça, avec cet accueil-là ! Ici le stagiaire est écouté et bien accompagné cela donne envie de continuer à travailler dans l’entreprise et de poursuivre ce métier ». Dans la foulée de son stage au sein de la résidence, la jeune femme a d’ailleurs été embauchée pour une mission en CDD et effectue depuis régulièrement des remplacements dans l’équipe.

Adapter l’environnement de travail

Une fatigue plus rapide, des difficultés à effectuer certains mouvements, une capacité de concentration réduite… Certaines tâches seront plus difficiles à accomplir selon le type de handicap ou l’évolution de la maladie d’un travailleur handicapé. L’adaptation des outils et de l’environnement de travail devient alors un enjeu incontournable de l’inclusion. Chez Emera, et en particulier à la résidence Antoine de Bourbon, il s’agit de proposer différentes solutions en fonction des capacités de chacun.

Pour la jeune ASH, fatiguée plus rapidement du fait de sa maladie, il a d’abord principalement été question d’adapter les horaires pour la positionner sur ce qui lui correspond : « L’enjeu était de savoir comment gérer son énergie sur une journée de dix heures et si elle pourrait travailler plusieurs jours d’affilée. Elle s’est dépassée et a largement atteint ses objectifs, explique Sandrine Szymkowiak. Aujourd’hui, nous faisons de notre mieux pour la positionner sur des journées de sept heures afin de la préserver », poursuit-elle.

Si pour Amandine les aménagements se situent essentiellement en termes d’horaires, selon le handicap, Sandrine Szymkowiak s’appuie sur différents outils et précautions afin d’aider à l’exercice des métiers au sein de la résidence. « Par exemple, nous utilisons un appareil de nettoyage pour les sols, qui est lourd et volumineux, ce qui peut être difficile à manipuler. Cette mission n’est pas adaptée à tout le monde, dans ce cas nous en déchargeons la personne », précise-t-elle.

Penser à adapter la parole, donner une consigne à la fois, utiliser des pictogrammes ou des photographies du résultat attendu et mettre à disposition des équipements adaptés… L’objectif est avant tout de soutenir le travail des personnes accueillies. 

 

 « Le visuel est très important, par exemple une photo des thermos à sept heures permet au stagiaire de vérifier que tout est en place et que rien ne manque. Sur la partie blanchisserie, nous avons notamment installé une table à repasser ergonomique, un fer gauche-droite, une table de pli ergonomique et des assis-debout ».

Engager l’ensemble des équipes dans la démarche

En parallèle, c’est tout un travail d’équipe transversal qui s’opère pour avertir et sensibiliser aux difficultés potentielles des personnes accueillies afin de fournir le meilleur accompagnement possible. « Je suis juste le chef d’orchestre, ensuite ce sont les équipes qui prennent soin des stagiaires et cela semble bien fonctionner car ils ont plaisir à revenir : la semaine prochaine nous recevons une jeune femme qui vient effectuer son quatrième stage chez nous », se réjouit la Gouvernante de la résidence. Une implication collective aussi remarquée et appréciée par la recrue : « Personne ne porte attention à la petite taille ni au handicap en tant que tel, chaque membre de l’équipe est là pour aider les résidents et le reste du personnel », explique Amandine.

Au sein de l’établissement, l’accueil de professionnels en situation de handicap apporte de l’équilibre et de l’entrain : « Nous constatons une meilleure cohésion, le fait d’anticiper le travail en amont en termes d’adaptabilité apaise et évite les situations de stress à chacun. Il y a plus de tolérance dans la résidence et cela détend les équipes à tous les niveaux », souligne Sandrine Szymkowiak.

Le trophée d'une équipe ! De gauche à droite : Anne Marie Machado, serveuse, Fabienne Raimbaud, lingère, Sandrine Szymkowiak, gouvernante, Anne Castet, ASH, Sylvie Horgue, serveuse

Aux yeux de la gouvernante, la symbolique de la récompense reçue est très forte : « Pour l’ensemble des tuteurs, c’est une valorisation de notre engagement et du soin que nous mettons tous au quotidien dans l’accompagnement. C’est important et encourageant ».

Si ce trophée vient saluer son travail et celui de ses équipes, pour Sandrine Szymkowiak, il souligne également l’investissement personnel et l’épanouissement de ses stagiaires : « Cela montre à tout un chacun que bien que la vie soit parfois difficile, on trouve les ressources nécessaires pour avancer ».

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