09 mars 2022

La perte d’audition est une dégénérescence naturelle qui touche fréquemment les seniors. Comment la prévenir et reconnaître les premiers signes d’une baisse de l’ouïe ? Le docteur Bruno Cohen, ORL, nous apporte un éclairage sur le sujet à l’occasion de la journée nationale de l’audition qui a lieu ce 10 mars.  

Pouvez-vous vous présenter et nous décrire votre métier d’ORL ?

Bruno Cohen, ORL

 

L’ORL (l’oto-rhino-laryngologiste) est un médecin spécialiste des affections de l’oreille, du nez, des sinus, de la gorge et du cou. Tous les ORL sont porteurs d’une qualification médicale qui leur permet de traiter toutes les affections de ces zones, que ce soit des maladies infectieuses ou dégénératives. 

Il peut également traiter chirurgicalement ces différentes pathologies quand cela est nécessaire.

Comment accompagnez-vous les personnes âgées ? Est-ce un public que vous rencontrez davantage lorsqu’il est question de troubles auditifs ?

Bruno Cohen : Le vieillissement entraîne une baisse naturelle de l’audition. Cela constitue un important motif de consultation de la part des personnes âgées. Lorsqu’ils viennent nous voir, nous vérifions leur niveau d’audition afin de déceler le plus précocement possible une dégénérescence. L’objectif est de la prendre en charge rapidement, afin qu’elle impacte le moins possible leur vie sociale.

Quels sont les différents types de troubles que les personnes âgées peuvent présenter ?

Bruno Cohen : On recense principalement ce que l’on appelle la presbyacousie, c’est-à-dire un déclin bilatéral du système auditif. Ils peuvent aussi être sujets aux acouphènes ou aux bourdonnements.

Une étude de l’Observatoire B2V des Mémoires montre que 30% des personnes âgées de 65 ans et plus présentent une perte d’audition, et jusqu’à 80% chez les 85 ans et plus. Comment expliquez-vous cette croissance évidente des troubles de l’audition entre 65 ans et 85 ans ?

Bruno Cohen : Cette croissance des troubles de l’audition est due à la dégénérescence des cellules de l’oreille interne. Tout comme les neurones, ils disparaissent progressivement et entraînent une perte d’audition.

Quels sont les signes au quotidien qui permettent en premier lieu de détecter des troubles auditifs ?

Bruno Cohen : Il existe plusieurs signes évocateurs :

  • L’augmentation du son de la télé, de la radio, du téléphone.
  • Des problèmes de compréhension, des contre-sens lors de conversations avec plusieurs personnes.
  • Le besoin de faire répéter plusieurs fois.
  • La nécessité de se concentrer davantage lors des échanges en communauté.

On constate également que les voix féminines sont moins bien entendues que les voix masculines. Les fréquences aiguës sont les premières à être touchées par une dégénérescence.

A quels types d’examens faut-il se soumettre ensuite pour identifier une perte d’audition ?

Bruno Cohen : Nous proposons un audiogramme tonal et vocal afin d’évaluer les capacités auditives de la personne et dépister les éventuelles insuffisances.

Dans un premier temps, le patient porte un casque qui va diffuser des sons calibrés. Dès qu’il entend un son, il doit appuyer sur un bouton mis à sa disposition. Cela permet de dépister le seuil critique où une perte d’audition est avérée. Nous lui faisons ensuite répéter une liste de mots pour évaluer la compréhension de langage. Cela est d’autant plus important pour identifier une gêne sociale. Ces deux examens sont complémentaires afin d’établir un diagnostic fiable. 

Quelles sont les incidences d’une perte de l’audition sur les seniors lorsqu’elle est dite « normale » ? Et lorsqu’elle est sévère ?

Bruno Cohen : Sur un tracé audiométrique, toute personne de plus de 60 ans fait face à une perte auditive d’environ 0.5 % par an. Toutefois, selon les personnes, elle ne se traduit pas toujours par une gêne quotidienne. Tout dépend de ses antécédents. Un traumatisme acoustique, une exposition sonore intense durant la jeunesse ou au cours de sa vie professionnelle peuvent aggraver la situation. On parle de perte d’audition sévère lorsque l’on bascule en dessous du seuil moyen. Entre 28 et 30 % cela devient sérieux.

Quelles solutions « pratiques » peuvent être mises en place pour pallier ce trouble ou soulager les seniors ?

Bruno Cohen : Dès qu’une gêne sociale est avérée, il est fortement conseillé de se faire appareiller afin de ne pas sombrer dans l’isolement. Cette prise en charge préventive permet au cerveau de s’adapter facilement pour ainsi retarder une plus grande perte auditive. En effet, lorsque l’audition est trop fortement dégradée, même appareillé, les restes auditifs sont insuffisants pour retrouver une ouïe correcte.

Quels conseils donneriez-vous pour éviter une altération du quotidien et de la vie sociale des personnes âgées causée par la perte de l’audition ?

Bruno Cohen : Je conseille aux personnes âgées de porter un appareil auditif le plus tôt possible afin de stimuler leur audition. Il est important de préserver ce sens afin de ne pas les faire basculer dans l’isolement social voire dans la démence sénile pouvant être due à un manque important de stimulation extérieure (interaction avec les autres, bruits ambiants…).

Le 10 mars 2022 a lieu la journée nationale de l’audition, notamment pour sensibiliser, prévenir… que représente pour vous cette journée ? Dans quelle mesure le dépistage auditif doit-il être mis en lumière ?

Bruno Cohen : Cette journée dédiée à l’audition est l’occasion de rappeler au plus grand nombre qu’il ne faut pas hésiter à consulter un ORL si l’on perçoit un trouble de l’audition même minime. Les appareillages bénéficient aujourd’hui d’une complète prise en charge par le système de santé et permettent de préserver ce sens précieux.

« Les sens en éveil », un projet visant à stimuler les résidents par le biais de nombreuses activités sensorielles au sein des résidences Emera

Nathalie Lejeune, Directrice Vie sociale chez Emera, nous présente les lignes directrices de ce projet collaboratif.

Avec la volonté commune d’impliquer le plus grand nombre dans la vie sociale des établissements, un groupe constitué de résidents, de familles et du personnel travaille depuis plusieurs mois à l’élaboration du projet “les sens en éveil” qui consiste à stimuler les sens, grâce à la création d’une boîte à outils.

Parmi les nombreuses fiches d’activité que nous avons élaborées, nous proposons différents moyens de stimuler leurs sens au quotidien et toujours selon les envies et besoins des résidents. De façon collective ou individuelle, ces activités sont adaptables. Faire passer un moment agréable et convivial au résident, tout en travaillant un ou plusieurs de leurs sens et permettre au personnel de participer à la vie sociale, tel un sixième sens, sont les objectifs principaux de ce projet.

Quel que soit le niveau de dépendance ou le handicap du résident, chaque sens peut être stimulé, éveillé, travaillé de différentes manières. L’ouïe fait bien évidemment partie des 5 sens sur lesquels nous œuvrons via ce projet, précise Nathalie Lejeune.

 

Quiz musical, karaoké, danse sur chaise sur différents rythmes, chant, lecture quotidienne du journal ou encore loto des sons et chorales… les idées ne manquent pas pour stimuler l’ouïe tout en s’amusant ! Pour la relaxation par exemple, nous proposons des balnéothérapies organisées par le corps médical qui associe le bien-être lié au contact de l’eau avec une musique apaisante. Nous disposons également de plusieurs espaces multi-sensoriels qui accordent à l’ouïe une place importante.

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